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qu’il eût jamais rencontré, et qu’il y avait trouvé des trésors pour la botanique.

Rio-Janeiro est l’entrepôt et le débouché principal des richesses du Brésil. Les mines appelées générales sont les plus voisines de la ville, dont elles sont distantes environ de soixante-quinze lieues. Elles rendent au roi tous les ans, pour son droit de quint, au moins cent douze arobes d’or ; l’année 1762, elles en rapportèrent cent dix-neuf. Sous la capitainerie des mines générales on comprend celles de Rio des morts, de Sabara et de Sero-frio. Cette dernière, outre l’or qu’on en retire, produit encore tous les diamants qui proviennent du Brésil. Ils se trouvent dans le fond d’une rivière qu’on a soin de détourner, pour séparer ensuite, d’avec les cailloux qu’elle roule dans son lit, les diamants, les topazes, les chrysolithes et autres pierres de qualités inférieures.

Toutes ces pierres, excepté les diamants, ne sont pas de contrebande ; elles appartiennent aux entrepreneurs, lesquels sont obligés de donner un compte exact des diamants trouvés et de les remettre entre les mains de l’intendant préposé par le roi à cet effet. Cet intendant les dépose aussitôt dans une cassette cerclée de fer et fermée avec trois serrures. Il a une des clefs, le vice-roi une autre, et le provador de l’Hazienda Réale la troisième. Cette cassette est renfermée dans une seconde, où sont posés les cachets des trois personnes mentionnées ci-dessus, et qui contient les trois clefs de la première. Le vice-roi n’a pas le pouvoir de visiter ce qu’elle renferme. Il consigne seulement le tout à un troisième coffre-fort qu’il envoie à Lisbonne, après avoir apposé son cachet sur la serrure. L’ouverture s’en fait en la présence du roi, qui choisit les diamants qu’il veut, et en paie le prix aux entrepreneurs sur le pied d’un tarif réglé par leur traité.

Les entrepreneurs paient à Sa Majesté très fidèle la valeur d’une piastre, monnaie d’Espagne, par jour de chaque esclave employé à la recherche des diamants ; le nombre de ces esclaves peut monter à huit cents. De toutes les contrebandes, celle des diamants est la plus sévèrement punie. Si le contrebandier est pauvre, il lui en