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On rencontre toute l’année au bord de la mer un oiseau assez semblable au corlieu. On le nomma pie de mer, à cause de son plumage noir et blanc ; ses autres caractères distinctifs sont d’avoir le bec d’un rouge de corail et les pattes blanches. Il ne quitte guère les rochers découverts à basse mer, et se nourrit de petites chevrettes. Il a un sifflement aisé à imiter, ce qui fut par la suite utile à nos chasseurs et pernicieux pour lui.

Les aigrettes sont assez communes ; nous les prîmes pour des hérons et nous ne connûmes pas d’abord le mérite de leurs plumes. Ces animaux commencent leur pêche au déclin du jour ; ils aboient de temps à autre, de manière à faire croire que ce sont de ces loups-renards dont nous avons parlé ci-devant.

Deux espèces d’étourneaux ou grives nous étaient amenées par l’automne ; une troisième ne nous quittait pas : on la nomma oiseau rouge, son ventre est tout couvert de plumes couleur de feu, surtout en hiver ; on en pourrait faire de riches collections pour des garnitures. Des deux autres espèces passagères, l’une est fauve et a le ventre marqueté de plumes noires ; l’autre est de la couleur des grives que nous connaissons. Nous n’entrerons pas dans le détail d’une infinité d’autres petits oiseaux assez semblables à ceux qu’on voit en France dans les provinces maritimes.

Les lions et les loups marins sont déjà connus ; ces animaux occupent tous les bords de la mer et se logent, comme on l’a dit, dans ces grandes herbes nommées glayeuls. Leur troupe innombrable se transporte à plus d’une lieue sur le terrain pour y jouir de l’herbe fraîche et du soleil. Il paraît que le lion décrit dans le Voyage du Lord Anson devrait être, à cause de sa trompe, regardé plutôt comme une espèce d’éléphant marin, d’autant plus qu’il n’a pas de crinière, qu’il est de la plus grande taille, ayant jusqu’à vingt-deux pieds de longueur, et qu’il y a une autre espèce beaucoup plus petite, sans trompe, et caractérisée par une crinière de plus longs poils que ceux du reste du corps, qu’on pourrait regarder comme le vrai lion. Le loup marin ordinaire n’a ni crinière ni trompe ; ainsi ce sont trois espèces bien aisées à distinguer. Le poil de tous ces