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les gisements des côtes et îles, mais même dans les latitudes essentielles. Les détroits de Button et de Saleyer sont extrêmement fautifs ; nos cartes suppriment même les trois îles qui rétrécissent ce dernier passage, et celles qui sont dans le nord-nord-ouest de l’île Tanakeka. M. d’Aprés, du moins, avertit qu’il ne garantit point sa carte des Moluques ni celle des Philippines, n’ayant pu trouver de mémoires satisfaisants sur cette partie. Pour la sûreté des navigateurs, je souhaiterais la même délicatesse à tous ceux qui compilent des cartes. Celle qui m’a donné le plus de lumières, est la carte d’Asie de M. Danville, publiée en 1752. Elle est très bonne depuis Céram, jusqu’aux îles Alambaï. Dans toute cette route j’ai vérifié, par mes observations, l’exactitude de ses positions et des gisements qu’il donne aux parties intéressantes de cette navigation difficile. J’ajouterai que la nouvelle Guinée et les îles des Papous approchent plus de la vraisemblance sur sa carte que sur aucune autre que j’eusse entre les mains. C’est avec plaisir que je rends cette justice au travail de M. Danville. Je l’ai connu particulièrement, et il m’a paru aussi bon citoyen que bon critique et savant éclairé.

Depuis le 22 au matin, nous suivîmes la route du ouest-quart-sud-ouest jusqu’au lendemain 23 à huit heures que nous gouvernâmes à ouest-sud-ouest. La sonde donna quarante-sept, quarante-cinq, quarante-deux et quarante-et-une brasses ; et ce fond, je le dirai une fois pour toutes, est ici et sur toute la côte de Java un excellent fond de vase molle. Nous trouvâmes encore sept minutes de différence nord par la hauteur méridienne que nous observâmes de six degrés vingt-quatre minutes. L’Étoile avait signalé la vue de terre dès six heures du matin ; mais, le temps s’étant mis par grains, nous ne l’aperçûmes point alors. Je fis après-midi prendre plus du sud à la route, et à deux heures on découvrit du haut des mâts la côte septentrionale de l’île Maduré. On la releva à six heures depuis le sud-est-quart-sud jusqu’à ouest-quart-sud-ouest cinq degrés ouest ; l’horizon était trop fort pour qu’on pût estimer à quelle distance elle nous restait. La sonde de l’après-midi fut constamment de quarante brasses. Nous vîmes un grand nombre de bateaux pêcheurs, dont quelques-uns à l’ancre et qui avaient leurs filets dehors.

Les vents pendant la nuit varièrent du sud-est au sud-ouest nous tînmes le plus près bâbord amures, et la sonde depuis dix heures du