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en partie, courait à peu près est et ouest, sans que nous la vissions terminée. C’est une île très haute : des montagnes énormes s’élèvent sur le terrain de distance en distance, et le grand nombre de feux que nous y vîmes de tous les côtés annonce qu’elle est fort peuplée. Nous passâmes la journée et la nuit suivante à naviguer le long de la côte septentrionale de cette île, courant des bordées pour nous élever dans l’ouest et gagner sa pointe occidentale. Le courant nous était favorable, mais le vent était court.


Batavia.

Je remarquerai, à l’occasion de la contrariété que nous éprouvions depuis longtemps de la part des vents, que dans les Moluques on appelle mousson du nord celle de l’ouest, et mousson du sud celle de l’est ; parce que, pendant la première, les vents soufflent plus ordinairement du nord-nord-ouest que de l’ouest, et que pendant la seconde ils viennent le plus souvent du sud-sud-est. Ces vents règnent alors de même dans les îles des Papous et sur la côte de la nouvelle Guinée ; nous le savions par une triste expérience, ayant employé trente-six jours à faire quatre cent cinquante lieues.

Le premier septembre, la lumière du jour naissant nous montra que nous étions à l’entrée d’une baie dans laquelle il y avait plusieurs