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le plus près, gouvernant au sud-quart-sud-ouest et sud-sud-ouest, et le lendemain matin l’île Bouka était déjà bien loin de nous dans l’est et le sud-est. La veille au soir on avait aperçu du haut des mâts une petite île qui fut relevée depuis le nord-ouest jusqu’au nord-ouest-quart-ouest du compas. Au reste, nous ne pouvions être loin de la Nouvelle-Bretagne, et c’était là que nous comptions trouver une relâche.

Nous eûmes connaissance le 5 après-midi de deux petites îles dans le nord et le nord-nord-ouest, à dix ou douze lieues de distance, et, presqu’au même instant, d’une autre plus considérable entre le nord-ouest et l’ouest ; les terres de cette dernière les plus voisines de nous à cinq heures et demie du soir, nous restaient au nord-ouest-quart-ouest environ à sept lieues. La côte était élevée et paraissait renfermer plusieurs baies. Comme nous n’avions plus ni eau ni bois, et que nos malades empiraient, je résolus de m’arrêter ici, et nous courûmes toute la nuit les bords les plus avantageux pour nous conserver cette terre sous le vent. Le 6, au point du jour, nous en étions à cinq ou six lieues, et nous portâmes dessus dans le même moment où nous découvrions une nouvelle terre haute et de belle apparence dans le ouest-sud-ouest de celle-ci, depuis dix-huit jusqu’à douze et dix lieues de distance. Sur les huit heures, étant environ à trois lieues de la première, j’envoyai le chevalier du Bouchage, avec deux bateaux armés, pour la reconnaître et y chercher un mouillage. À une heure après-midi il nous signala qu’il en avait trouvé un, et aussitôt je fis servir et gouverner sur un canot qu’il détacha au-devant de nous ; à trois heures nous mouillâmes par trente-trois brasses d’eau, fond de sable blanc, fin et vaseux. L’Étoile mouilla plus à terre que nous, par vingt-et-une brasses, même fond.

En entrant on laisse à bâbord dans l’ouest une petite île et un îlot qui sont à une demi-lieue de la côte. Une pointe qui s’avance vis-à-vis l’îlot forme en dedans un véritable port à l’abri de tous les vents, où le fond est partout d’un beau sable blanc, depuis trente-cinq jusqu’à quinze brasses. Sur la pointe de l’est, il y a une bâture,