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vents nous refusèrent, et il fallut arriver pour passer sous le vent de l’île Aurore. En avançant dans le nord le long de sa côte orientale, on aperçut dans le nord-quart-nord-ouest une petite île élevée en pain de sucre, qui fut nommée le pic de l’Étoile. Nous continuâmes à ranger l’île Aurore à une lieue et demie de distance. Elle gît nord et sud corrigés, depuis sa pointe méridionale jusqu’à la moitié environ de sa longueur, qui est de dix lieues ; ensuite elle décline vers le nord-nord-ouest ; elle a très peu de largeur, deux lieues tout au plus. Ses côtes sont escarpées et couvertes de bois. À deux heures après-midi, nous aperçûmes par-dessus cette île des cimes de hautes montagnes à dix lieues environ au-delà. Elles appartenaient à une terre dont, à trois heures et demie, nous vîmes au sud-sud-ouest du compas la pointe du sud-ouest par-dessus l’extrémité septentrionale de l’île Aurore. Après avoir doublé cette dernière, nous faisions route au sud-sud-ouest, lorsqu’au coucher du soleil une nouvelle côte élevée et très étendue s’offrit encore à nos regards. Elle se prolongeait depuis l’ouest-sud-ouest jusqu’au nord-ouest-quart-nord, à la distance de quinze à seize lieues.

Nous courûmes plusieurs bords dans la nuit pour nous élever dans le sud-est, afin de reconnaître si la terre que nous avions au sud-sud-ouest tenait à l’île de la Pentecôte, ou si elle en formait une troisième. C’est ce que nous vérifiâmes le 23 à la pointe du jour. Nous découvrîmes la séparation des trois îles. Celle de la Pentecôte et l’île Aurore sont à peu près sous le même méridien, à deux lieues de distance l’une de l’autre. La troisième est dans le sud-ouest de l’île Aurore, et leur moindre éloignement est de trois ou quatre lieues. Sa côte du nord-ouest a au moins douze lieues d’étendue, terre haute, escarpée, partout couverte de bois. Nous l’avons côtoyée une partie de la matinée du 23. Plusieurs pirogues se montraient le long de la terre, sans qu’aucune cherchât à nous approcher. Il ne paraissait point de cases ; on voyait seulement un grand nombre de fumées s’élever du milieu des bois, depuis les bords de la mer jusqu’au sommet des montagnes ; fort près du rivage, nous sondâmes plusieurs fois sans trouver de fond avec cinquante brasses de ligne.