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grêle, nous força de passer ici le 11 et le 12. Ce dernier jour après-midi, nous mîmes un canot dehors pour aller sur l’île Sainte-Élisabeth. Nous débarquâmes dans la partie du nord-est de l’île. Ses côtes sont élevées et à pic, excepté à la pointe du sud-ouest et à celle du sud-est, où les terres s’abaissent. On peut cependant aborder partout, attendu que sous les terres coupées il règne une petite plage. Le terrain de l’île est fort sec ; nous n’y trouvâmes d’autre eau que celle d’un petit étang dans la partie du sud-ouest, et elle y était saumâtre. Nous vîmes aussi plusieurs marais asséchés, où la terre est en quelques endroits couverte d’une légère croûte de sel. Nous rencontrâmes des outardes, mais en petit nombre et si farouches, que l’on ne put jamais les approcher assez pour les tirer ; elles étaient cependant sur leurs œufs. Il paraît que les sauvages viennent dans cette île. Nous y avons trouvé un chien mort, des traces de feu et les débris de plusieurs repas de coquillages. Il n’y a point de bois, et on ne peut y faire du feu qu’avec une espèce de petite bruyère. Déjà même nous en avions ramassé, craignant d’être obligés de passer la nuit sur cette île où le mauvais temps nous retint jusqu’à neuf heures du soir ; nous n’y eussions pas été mieux couchés que nourris. Le thermomètre, pendant les deux jours que nous passâmes ici, fut à huit et demi, à sept et demi et à sept degrés.