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que ces croyances sont fragiles comme la fleur de leur beauté ?

Je fais un retour sur moi-même et je remercie Dieu, dans mon cœur, qui, après les tristesses, m’a laissé entières la foi et l’espérance dans l’amour.

Quand Jeanne lève sur nous son beau regard brun aussitôt abaissé, tandis qu’un gai sourire entr’ouvre sa lèvre, nous subissons tous deux l’influence de cette chose divine qui s’appelle la beauté ; et si, en ce moment, Jacques la regarde de ses yeux adoucis, je comprends qu’il lui pardonne ses petits défauts.

En même temps que semble se révéler à nous cette radieuse beauté, je me vois moi-même dans la glace qui me fait face et à laquelle Jeanne tourne le dos. Quelle différence, ma pauvre Germaine ! ces cheveux noirs lissés en bandeaux épais et lourds, ce teint presque brun, ces yeux d’un bleu trop foncé et largement bistrés, cette bouche sévère… Et ma mère qui me trouvait belle ! Que dirait-elle si elle voyait sa Jeannette !


Fin Août. — Ce matin, Jeanne me disait :

— Nous sommes très riches, n’est-ce pas, ma sœur ?

Jeanne dit si gentiment : ma sœur, quand elle a une demande à m’adresser, un désir à m’exprimer !

— Oh ! très riches n’est pas tout à fait exact, cependant si tu veux de l’argent, j’en ai ; tu as envie d’acheter un bijou, un livre ?

— Non, non, rien de tout cela ; je veux quelque chose de plus difficile, étant donnée la Germaine que tu es, et, cependant, je t’aimerais tant si tu voulais…

— C’est donc une merveille ? un objet d’art ? un oiseau rare ? ton portrait, peut-être, dis-je en la regardant avec un sourire.

Elle était vêtue d’une robe de laine blanche légère, serrée à la taille par un ruban noir ; j’avais permis cet adoucissement à nos lourds vêtements de deuil ; quoique je les eusse moi-même gardés, il me semblait cruel d’ensevelir sa jeunesse dans ce crêpe noir et ces voiles.

— Non, non, tu n’y es pas, je veux… un cheval. Et très vite, pour ne pas me donner le temps de répondre :

— Jacques me donnera des leçons d’équitation, il devra avoir un cheval pour ses courses dans les villages voisins ; tu auras la voiture pour toi seule ; j’ai soif de mouvement et son bercement m’endort ; tu seras la princesse et nous chevaucherons à tes côtés.