Page:Louÿs - Trois filles de leur mère, 1979.djvu/235

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
233

ton ; et, quand j’aurai fini de jouir, je te donnerai une belle queue toute chaude pour jouer avec.

— Oh ! mademoiselle, fit Lili sans aucun enthousiasme, ça vaut plus qu’une queue, ce petit travail-là. Ça vaut cinquante francs. »

La réponse qui fit la joie de Teresa me prouva que Ricette voyait juste en prétendant que Lili avait l’instinct de son métier ; mais c’était à moi de jouer : je faillis rater mon entrée.

Dès le premier mot, Lili redressa le sujet et se mit en avant :

« Bonjour, m’sieu. Mademoiselle vient de me dire qu’elle est vraiment trop moche pour vous et qu’il y a longtemps que vous l’auriez plaquée si elle ne vous donnait pas des distractions. Alors elle est obligée de s’habiller en Arlequine et de vous présenter des écolières. Vous êtes un peu maboul, n’est-ce pas ? Oh ! ça fait rien ! je suis habituée. »

On ne lui avait rien dit de tout cela. « Quel culot ! » fit Mauricette entre ses dents. Mais Lili continuait :

« Ces grandes filles-là, ça sait rien faire, voyez-vous. Elles ont des pucelages partout, on les tourne dans tous les sens avant de trouver où est l’entrée. Et quand une fois elles sucent la queue, alors c’est tellement épatant qu’elles invitent toute leur famille pour avoir des applaudissements comme si elles avalaient un sabre !

— Ah ! mais tu vas te taire, morpionne ! dit Ricette, énervée par les rires de sa mère.

— Oh ! mademoiselle, fit Lili, très calme, ne