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tu ne sais pas ce qu’il faut leur dire !…

Mais elles rentraient, toutes les trois, dans de singuliers accoutrements.


XIV

La première que j’aperçus fut Mauricette. Elle portait un costume collant d’arlequin, le même sans doute que Charlotte avait eu à son âge et dont elle m’avait longuement parlé à propos de la fameuse gageure.

Charlotte, qui la suivait, me frappa d’abord par son visage. Elle semblait ravie de « jouer le rôle » au double sens de l’expression, après avoir senti plus que moi peut-être combien sa présence était inutile et par moments importune. Toujours poussée par la folie qu’elle avait de s’avilir, elle avait mis une robe noire, un tablier à poches, un ruban rouge autour du cou et s’était coiffée de telle sorte qu’on lui aurait donné vingt sous de sa vertu sous le pont Notre-Dame.

Enfin Lili était en écolière : tablier noir et natte sur le dos. J’étais un peu trop jeune moi-même pour faire le satyre devant elle.

La pensée qui me vint aussitôt fut que jamais on ne pourrait tramer une intrigue entre ces trois personnages et un jeune premier, ou qu’alors la comédie serait absurde… (Ah ! comme je voudrais que tout ceci ne fût pas véritable ! et comme je choisirais mieux les costumes de la