Page:Louÿs - Trois filles de leur mère, 1979.djvu/190

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
188

doucement, les yeux grands ouverts. Viole-moi par le cul ! et plus je te crierai que j’ai mal, plus ça voudra dire que je t’aime ! »

Il m’est plus que pénible, vraiment, de raconter la scène suivante avec détails. Je ne le puis. Elle me fait honte. Je n’avais à aucun degré le vice que Mauricette me demandait de satisfaire. Il m’était arrivé de battre les femmes qui veulent être battues, mais ce n’est rien, ce n’est rien, auprès du souvenir que cinq minutes d’égarement…

Bref, quand j’eus « violé » Mauricette, je sentis par la chair mieux que je n’avais compris par la pensée combien le plaisir et la douleur étaient nécessaires à sa volupté. Je me rappelai la dernière de ses confidences ou plutôt de ses tentations, et, comme j’eusse effleuré une femme sensible aux caresses, je meurtris les lèvres si tendres de cette virginité qui aimait les morsures. Je les meurtris entre mes doigts, lentement, longtemps et plus cruellement sans doute que Teresa ne les avait mordues, car, après quelques minutes d’une endurance et d’une excitation sexuelle également extraordinaires, Mauricette éclata en sanglots. Je n’oublierai jamais cet instant de ma vie.

Ce ne fut qu’un instant. Aussitôt après, sanglotant toujours mais se retournant pour m’étreindre, elle me dit, elle me cria, bouche à bouche entre vingt baisers :

« Pardon ! pardon de pleurer ! pardon !… mais veux-tu te taire ! c’est moi qui suis honteuse ! Ah que tu me torturais bien ! c’était bon ! j’ai joui comme si je mourais ! et puis… je