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— Maman aussi. »

Cette réponse me laissa muet. C’est un des mots les plus justes et les plus extraordinaires que j’aie entendus. Il me parut que Ricette pensait : « Tu es plus gosse que moi, sinon tu saurais bien que c’est vrai pour toutes les femmes et quel que soit leur âge. » Elle le pensa, mais ne voulut pas le croire, car les jeunes filles n’aiment guère à s’imaginer plus sages que leurs amants. Toute excellence qu’elles leur prêtent est même une excuse qu’elles se donnent de se laisser entraîner par tant de perfections. Et, sûres de s’en parer à leurs propres yeux, elles nous couvrent de qualités pour le seul plaisir d’être généreuses.

Cela dit, Mauricette reprit son idée :

« Tu m’auras pris deux pucelages sur trois. J’aurais voulu te donner aussi le troisième… ou le premier… celui que je n’ai plus… celui que j’ai laissé vendre… enfin le pucelage de mon derrière… tu comprends le français ?

— Et tu veux le refaire ? avec de l’eau d’alun ?

— Oh ! maquerelle ! fit-elle en riant. Ne crois pas que mon pucelage de devant soit refait. Les pucelages raccommodés, on les vend très cher ; on ne les donne pas. »

Et elle rit aux éclats sur ce qu’elle venait de dire. Puis, se frottant à moi de tout son jeune corps, elle remonta en quelques mots jusqu’à un état moyen entre la gosserie et la lasciveté : deux mots presque synonymes.

« On va jouer. Oublie que tu m’as enculée avant-hier. Oublie-le.