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atroces contre sa mère et des obscénités qu’elle n’eût jamais dites une heure auparavant.

Mon « oui » changea de pôle son courant nerveux. Au contraire du philosophe antique dont parle Renan et dont le sperme était remonté au cerveau, le désir de Mauricette quitta son imagination et prit sa chair.

« J’ai envie de baiser, murmura-t-elle. J’ai envie de baiser parce que tu baises et que tu m’en donneras le goût. Est-ce vrai que j’ai avalé ton foutre ? Est-ce vrai que j’ai bu du foutre d’homme pour la première fois et que c’est le tien ? Qu’est-ce que c’est que baiser auprès de cela ?… Et n’aie pas peur de me faire mal ! Quand maman me fait minette, rien ne me fait souffrir, je ne sens que sa langue si je veux ; mais toi, plus tu me déchireras, plus je jouirai. »

Soudain, avec sa souplesse de métamorphose, elle releva la tête et me rappela d’un mot son âge véritable.

« Veux-tu jouer ?

— Oui ; mais pas à te dépuceler ?

— Si. On va jouer à me dépuceler par où je ne suis pas pucelle ! fit-elle en riant.

— Quelle gosse tu fais ! Et quel rire tu as ! Comment ! c’est la même Ricette qui vient de me raconter ces histoires de sang, de sperme, d’inceste, de saphisme, de sadisme…

— Oh ! et quoi encore ! En voilà des mots à septante-cinq centimes, comme disent les Belges !

— Tu as quatorze ans et demi ? Non. Il y a des minutes où tu as trente-neuf ans et d’autres où tu en as sept.