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liqueurs en disant à ses trois filles : « Taisez vos gueules pendant que je me branle ! »

— À moins que tu ne t’appelles Charlotte.

— Attends. Et une mère a-t-elle du vice quand elle permet à ses filles de se branler devant elle ? quand c’est elle-même qui les a branlées la première pour leur dégourdir la moniche à l’âge de sept ans ? quand elle leur a montré de sa propre main comment une fille se branle en leur tenant le doigt comme on tient le doigt d’une écolière pour lui apprendre à écrire ?

— Si tu n’avais fait que ça !

— Ah ! ce n’est pas assez ? Alors est-ce un vice que d’avoir prostitué mes trois filles, espèce de confesseur ? dis-le moi pendant que tu m’encules. (Elle s’énervait de plus en plus). Maman pleurait quand on m’a dépucelé le derrière. Moi, je me branlais quand j’ai vendu Charlotte et j’ai eu plus de plaisir à jeter mon foutre qu’à recevoir l’argent. Comprends-tu ? L’argent je m’en fous. C’est un vice pour moi que de donner mes filles. Je te les ai plantées sur la queue toutes les trois et pourtant… »

Elle n’acheva pas la phrase ; mais elle continua de parler et de me maintenir. Je devenais fou. Jamais je ne m’étais trouvé en pareille situation. Je me répétais malgré moi : « Oh ! ne puis-je savoir si j’aime ou si je hais ? » Car plus Teresa mettait d’acharnement à s’avilir et plus, de tout son corps, elle voulait être belle.

Penchant son visage sur le mien et l’illuminant d’un nouveau sourire :

« Non ! tu ne déculeras pas ! dit-elle, et tu ne