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dépucelé le derrière et le reste. Tu sais que depuis vingt-huit ans je passe mes jours et mes nuits à satisfaire les vices des autres, tu voudrais que je jouisse comme une épouse chrétienne qui se fait enfiler le samedi soir avec sa chemise sale et qui prie Saint-Joseph de lui donner un fils et qui ne se lave pas le cul pendant huit jours de peur que son moutard ne dégouline ?

« Eh bien, j’ai des vices. Je crois même que je les ai tous et que j’en ai inventé. Ça m’a été utile dans ma vie de putain. »

Comme je ne protestais pas contre ce dernier mot, elle prit une expression féroce. La scène était vraiment extraordinaire, car nous restions toujours unis par la chair l’un à l’autre, et Teresa m’avait défié de lui échapper par là et en effet je ne pouvais pas même la rater.

Un sourire d’elle transforma tout. Cette femme menait le jeu comme il lui plaisait. Il lui plut de poursuivre en changeant de visage et de sa voix la plus tendre :

« Est-ce un vice d’être heureuse chaque fois que tu m’encules ?

— Oui.

— Tant mieux, je t’ai avoué que j’ai toujours vu enculer des femmes. Cela me paraissait trop banal. Dis-le que c’est un vice horrible et cela m’excitera le trou du cul.

— Salope !

— Est-ce un vice que de me branler encore à trente-six ans ? Fais donc un article pour stigmatiser les jeunes filles qui se livrent à l’onanisme et surtout les mères…, une mère comme moi qui relève sa jupe entre le dessert et les