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— Parce que… ? »

Une colère subite lui monta aux yeux. Elle me saisit les bras et se mit à hurler :

« Parce que chez toi, cette nuit, je ne suis pas une putain, m’entends-tu ? Quand une femme qui a envie de jouir frotte sa peau sur un homme qui bande, elle se donne par le trou qu’elle veut ! Et si j’ai plus de plaisir à me faire enculer et si je veux que tu m’encules, tu m’enculeras. »

Cette violence de paroles aurait dû me faire perdre tout moyen physique de laisser à Teresa la liberté de son choix : mais la diablesse ne me donna pas le temps de m’intimider ni celui de songer à ce que j’allais faire. Son habileté de geste et de posture était un prodige. Elle me prit par où elle voulait et, pour la seconde fois, je me trouvai en elle sans savoir comment j’y étais entré.

Aussitôt elle reprit sa voix la plus tendre, ses yeux les plus doux et me dit :

« Ne me joue pas le tour de décharger !

— C’est tout ce que tu mérites pourtant.

— Voilà. Une jolie femme vient lui donner son cul et tout ce qu’elle mérite c’est qu’après une minute on lui dise : « Fous le camp ! Va te finir seule. »

— Une minute ! Il y a une heure que tu me laisses dans l’état où je suis !… Je t’attendrai, mais…

— Tu es un amour. »

Puis, sur le même ton, elle continua en souriant :

« Tu me dégoûtes.