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couper court à mes injures, sans voir assez vite avec quelle prestesse elle avait renversé les rôles.

D’ailleurs, après ce mot douloureux qui accusait modestement l’atteinte faite à sa pudeur, Teresa continua de parler avec la même audace de mots. Elle était nerveuse, mais souriait.

« Ne te plains pas. Tu me baises. Tu me dépucelles. Le con d’une putain qu’on encule toujours, et qui ne s’est pas enfilé une queue depuis trois mois, tu sais comment ça s’appelle ? eh bien ! tu es dans mon pucelage. Tu ne me diras plus que je ne baise jamais ? Le soir où je te viole, je te prends par le chat. Es-tu content ? »

Elle restait solidement accouplée à moi, mais immobile, et ne me laissait pas bouger. Une minute lui suffit pour être certaine qu’elle m’avait dompté par son contact et que je ne sortirais pas de sa chair.

« Ce que j’ai fait à Charlotte…, dit-elle.

— Non ! ne m’en parle pas maintenant !

— Au contraire ! je t’en parle quand tu bandes. J’ai eu tort de le faire quand tu venais de jouir pour la septième fois et que tu n’avais plus aucune envie de bander.

— Tu crois que si tu me le proposais maintenant… ? mais c’est absurde ! Plus tu te rends désirable et plus cela me révolte que tu…

— Allons, Calme-toi. Le plus grand service que j’aie rendu à mes filles, c’est de leur faire aimer le métier de putain. Charlotte est innocente comme une sainte. Je lui ai fait faire un costume de religieuse avec la guimpe et le