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branlé un animal ! et j’ai bu ! et j’ai su dire que c’était du foutre d’âne. Je connais mieux les foutres que les vins. J’ai vidé plus de couilles que de bouteilles dans ma putain de vie.

« Et c’est rien que tout ça, même du foutre de cheval, pourvu qu’on n’avale pas de travers. On se met la tête par-dessus, tu comprends ? entre le poitrail et le membre. Comme ça on reçoit la douche sur le palais, pas dans la gorge, et on ne s’étrangle pas. J’avalais tout. Après, tu peux me croire, je n’avais plus soif.

— Je t’en prie, tais-toi ! Cette histoire est pire que tout !

— Oh ! non ! ce qu’il y a de pire, c’est le foutre de bouc ! Je suis pourtant courageuse quand je me branle, mais… ah ! quelle infection que ce foutre-là ! J’ai failli dégueuler, il a fallu que je crache. Alors, quand mon amant… je veux dire mon miché… a vu que le premier jour ça me rendait malade, il a voulu que son bouc serve tout de même à quelque chose et pendant quatre ou cinq dimanches, après que j’avais sucé l’âne, le taureau, le porc et les chiens, il me faisait monter par le bouc, moi toute nue à quatre pattes dans l’herbe du jardin… Tu ne veux pas m’appeler salope ? mais j’ai joui, tu m’écoutes ? j’ai joui pendant que le bouc m’enculait.

« Et j’ai fini par en boire… du foutre de bouc, les derniers dimanches. Écoute-moi… Regarde-moi… Je l’ai bu cinq fois, le foutre du bouc ! Pour me récompenser, son maître m’a acheté un singe qui m’enculait aussi et que je suçais comme un homme. Du 20 août à la fin de