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vous dégoûte moins qu’un magistrat. Malheureusement cet homme-là n’avait jamais vu son chien sucé par une fille et ça l’a tellement excité que, pendant quinze dimanches de suite, jusqu’à la fin de septembre… »

Elle s’interrompit en secouant la tête avec un soupir comme si elle perdait le souffle.

« Je te demande pardon… Écoute… Tu ne peux pas te figurer… Il avait une maison de campagne avec une basse-cour… Le dimanche il donnait congé à ses gens…, même au jardinier… Il m’emmenait… Je restais seule avec lui… toujours à poil et mes cheveux sur le dos… C’était en été… Pour quoi faire ? l’amour ? ah ! non ! pas avec une putain ! Il s’amusait le dimanche à voir une fille de dix-huit ans avaler le foutre de tous les animaux.

« En quelques jours un charpentier lui a dressé un cadre en bois de chêne comme ceux où l’on enferme les vaches et les juments pour la saillie. Mais lui, au lieu d’y mettre la femelle, il y attachait le mâle et, quand l’étalon ou le taureau était ligoté, je passais dessous… Pour les chevaux je n’avais pas la bouche assez grande, mais avec la langue et les mains… »

Elle me vit pâlir et, obéissant encore à cette révolution astrale de son caractère qui, autour du mot « putain », passait régulièrement de la région plaintive à la zone exaltée, elle s’anima de phrase en phrase.

« Tu le sais bien que j’ai bu du foutre de cheval et du foutre d’âne, du foutre de taureau, du foutre de chien, du foutre de cochon. Au quatrième dimanche il m’a donné un bol où il avait