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fait le tour des banalités nécessaires qu’après un travail considérable. C’est un premier effort dont je ne me mêle jamais. Dans quelques jours, la question sera déblayée sans qu’il m’en ait coûté même un froncement de sourcil. Je verrai alors s’il est urgent que je réfléchisse à mon tour ; mais plus probablement je me contenterai de faire un choix entre les avis les plus sages, à moins que cette tâche elle-même ne me semble trop délicate.

— Alors qu’arriverait-il ?

— Nous verrons cela. Aujourd’hui, c’est à vous de penser pour moi. Je suis impatient de vous entendre.

— Puis-je parler ? demanda la Reine Françoise.

— Je le demande, répéta Pausole.

— Eh bien, dans un enlèvement, le premier jour est celui des imprudences, et le second celui des malices. La Princesse est à deux pas d’ici ; je le sais comme si je la voyais. Le jeune imbécile qui l’accompagne se croit caché par un buisson ou par les rideaux de son lit. Il l’a conduite au plus près, c’est évident, cela ne laisse pas un doute. Demain il s’apercevra qu’il a fait une bêtise. Et après-demain il aura pris tant de précautions que toute la police du royaume ne pourra plus trouver sa trace. C’est aujourd’hui qu’il faut agir, et tout de