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une voie si recommandable, je ne tiendrai aucun compte des règles établies.

La blanche Aline, quatorze ans et cinq mois après sa naissance, prenait le plus vif intérêt à suivre le développement de sa gracieuse personne. Il est tout naturel que nous l’accompagnions devant sa glace, où elle se considérait le matin avec tant d’affectueuse curiosité.

Elle y courait dès son réveil, laissant au lit sa longue chemise et ne gardait de sa toilette nocturne que la natte dansante de ses cheveux. L’entrevue avec son image était une scène bien touchante.

Cela commençait par un sourire d’accueil. Et puis éclataient des baisers bruyants, avec les deux mains, avec les dix doigts. Pendant la première minute, sa tendresse pour elle-même dominait. Son regard se disait des choses inoubliables ; c’était une communion d’âmes où sa beauté n’ajoutait rien à une sympathie déjà toute dévouée. Mais, peu à peu, ce sentiment cédait le pas devant un autre, qui se précisait en admiration.

Elle était jeune fille depuis quelques semaines seulement. Source de découvertes sans nombre. Ses seins, formés en si peu de temps, conservaient entre ses mains toute leur fraîcheur de jouets, nou-