Page:Louÿs - Les aventures du roi Pausole, 1901.djvu/19

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

droit je maintiendrais une autorité quelconque sur une petite tête qui raisonne si bien. Va, jeune cervelle, tu es libre. Ne fais pas le mal, mais vis à ta guise, selon le code de Tryphême. Appelons la troisième affaire.


Or, il arriva que la troisième affaire ne fut pas précisément celle que le Roi eût prévue.

Pendant le discours de la jeune fille, on distinguait dans l’allée de magnolias qui menait au palais royal la course trébuchante et falote d’une petite vieille qui portait ses jupes et voletait comme une sauterelle.

Elle approchait par bonds alternés d’une patte sur l’autre. Bientôt on entendit gémir l’essoufflement de son désespoir. Elle se précipita vers la chaire du Roi, pendit son bras débile à une branche afin de ne tomber que le plus tard possible et exhala : « Sire… », mais d’une voix si diaphane qu’on la crut déjà trépassée.

— C’est une vieille du palais, fit l’un des serviteurs.

— Duègne des appartements privés, expliqua un autre.

Et comme l’étiquette de la Cour subissait des variations devant la bonhomie du Roi, la livrée tout