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pelaient le vice, et le mensonge, qu’elles appelaient le mystère.

Mirabelle, extrêmement flattée, se jeta dans les aventures. Bientôt lasse de ses anciennes et modestes partenaires qui eussent mérité pourtant un traitement moins cavalier, elle sauta de la scène dans la salle avec des ailes de papillon. D’innombrables révélations l’attendaient encore, et elle les voulait toutes. Elle les eut. Elle connut les joies de l’adultère, l’étroitesse du fiacre, l’odeur du meublé, l’heure trop courte, le faux nom et la poste restante. Il n’y eut pas jusqu’à l’émotion suprême du flagrant délit que le ciel ne lui fit apprendre, peut-être bien pour l’avertir. Un mari pénétra un jour dans un cabinet particulier où, bien qu’il n’y eût pas d’homme — et pas de lit — il se déclara supplanté. Mirabelle ne se tenait pas de joie ; si grande est l’inconscience du crime.

Mais voilà déjà trop de généralités sur ce personnage ambigu. Nous n’irons point jusqu’aux détails ; aussi bien ne seraient-ils point décents.

Ici, nous nous bornons à expliquer pourquoi Mirabelle en scène avait distingué d’un œil infaillible la blanche Aline émue par le charme de sa danse ; pourquoi son regard, de perspicace, était devenu attirant ; pourquoi elle n’avait pas été sur-