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souples branches des sycomores, et parfois dans la vase du Nil, où se suivaient comme de longues fleurs les pas effilés des ibis, Biôn contemplait avec étonnement la formidable empreinte humaine laissée par ce mystérieux Amanit, bête que les hommes n’ont jamais pu voir, mais dont les Aethiopiens font d’étranges récits. Et Biôn, inquiet, se persuadait que les Colosses de granit rose, scculptés dans l’épaisseur des montagnes, allaient pendant les solitaires nuits se baigner jusqu’aux genoux dans le fleuve saint qui est père de tout.

Car, si loin de Thèbes et de Memphis, les restes de la splendeur aegyptienne duraient encore en pays impie. Depuis longtemps les autochthones avaient repris la terre sur les conquérants, et pourtant la face de Rhamsès était pour