Page:Louÿs - Le Crépuscule des nymphes, 1925.djvu/152

Cette page n’a pas encore été corrigée

senti croître en elle le fruit de cet amour merveilleux ; ni comment, l’enfant mis au monde, le roi les exposait, elle et lui, à la mort, par la faim, par le froid, ou par les grands mouvements de la mer.

D’ailleurs, y pensait-elle encore ? L’influence surnaturelle qui avait fait naître Persée ne la sauverait-elle pas du premier péril, et ne devait-on pas s’en remettre toujours à la toute-puissance des dieux ?

Le petit, s’éveillant, remua les bras et se mit à crier. Elle se rappela que depuis le matin elle ne l’avait pas nourri. Elle se pencha sur lui et lui donna le sein. La chaleur était accablante : Danaë craignit que cette grande lumière n’incommodât le pauvre petit être, et pour la seconde fois elle lui couvrit le visage avec ses cheveux épais et doux.