Page:Louÿs - La Femme et le Pantin, 1916.djvu/139

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

que je tenais là sous mon baiser, après combien de nuits d’insomnie !

Je lui dis encore :

« Donne-moi ta bouche. »

Mais elle secoua la tête et retira sa main.

« Plus tard. »

Oh ! ce mot ! que de fois je l’avais entendu déjà, et il revenait, dès la première rencontre, comme une barrière entre nous !

Je la pressai de questions. Qu’avait-elle fait ? Pourquoi ce départ précipité ? Si elle m’avait parlé, j’aurais obéi. Mais partir ainsi, après une simple lettre et si cruellement !

Elle me répondit :

« C’est de votre faute. »

J’en convins. Que n’aurais-je pas avoué ! Et je me taisais.

Pourtant je voulais savoir. Qu’était-elle devenue depuis de si longs mois ? D’où venait-elle ? Depuis quand était-elle dans cette maison grillée ?