Page:Louÿs - Douze douzains de dialogues ou Petites scènes amoureuses, 1995.djvu/79

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
77

V

LA BONNE CONCIERGE

« Et puis ici, mam’zelle, vous serez bien tranquille, c’est tout putains du haut en bas. On n’est pas emmerdées par les dévotes.

— Ah ben, j’aime mieux ça.

— Alors vous comprenez, vous reconduisez un ami qui sort de chez vous, vous êtes à poil sur votre porte, vous êtes libre, on gueulera pas.

— C’est bon. On ne se gênera plus.

— La nuit si vous rentrez avec un homme, que vous ayez le feu au cul ou que ça soye lui, vous tirez un coup dans l’escalier… Ben, on vous rencontre, ça fait rien, on vous dérange pas seulement.

— Chic !

— Pis, si votre ami n’est pas venu, et que la moniche vous démange, vous êtes trop grande pour vous branler, s’pas ? alors vous n’avez qu’à choisir, y a dix femmes ici pour vous bouffer le cul gratis.

— On leur dira.

— Et si qu’un miché s’amène qu’il sait pas chez qui monter…

— Envoyez-le-moi que je le suce. Vous aurez dix sous pour vous. »