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I

PAS PLUS DIFFICILE QUE ÇA

« Combien qu’il t’a donné ?

— Une thune.

— Oh ! c’que t’en as de la chance ! Moi, maman ne veut pas que je suce avant ma première communion.

— Godiche !… Et t’écoutes ? On s’en fout, voyons.

— J’ose pas. Pis, je l’ai jamais fait, j’ai peur de rendre.

— On n’a pas besoin d’avaler !… Écoute que je te dise ; t’ouvres la braguette du pante, t’y sors sa queue. Si qu’il bande pas, tu te branles une minute en y disant des saloperies : “Cochon, que t’y dis, tu fous les petites mômes dans la bouche. Gros polisson, tu vas m’en faire siffler, du sirop de couillon.” Enfin quoi, des conneries. Et pis tu retrousses ta jupe, tu y fais peloter ton cul. Attention seulement qu’il ait pas d’ongle… Quand qu’il est bien raide, tu chopes son nœud dans ta bouche comme qui dirait un sucre d’orge et tu suces en remuant la tête. Sitôt qu’il a fini de juter, tu mollardes son paquet de blanc et tu y dis : “Bonsoir, chéri.” C’est pas plus difficile que ça. »