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III

ZÉLIE CHANGÉE EN HOMME

« Faites-moi ça dare-dare, ma petite Zélie, il y a trop de monde dans la boutique, faut pas que je reste longtemps montée.

— Mais je suis toute prête, madame, vous voyez bien. Sitôt que vous m’avez dit ça à l’oreille…

— Tu as compris ?

— Tiens ! Du moment que vous me disiez de préparer le godemiché, c’était pas difficile à comprendre.

— Ah ! ma petite, comme il était bel homme ce grand brun. Plus qu’il me parlait plus que je mouillais. Ma chère, j’ai les cuisses trempées, tâtez voir. J’avais tout le temps envie de lui dire : “Mais venez donc !” Ah ! bien oui ! il a payé sa paire de gants, et bernique. Il est parti…

— Oui, oui, c’est moi qui le remplace, je devine bien. Elle est bien montée, la petite Zélie. Une belle queue, n’est-ce pas, madame ! Et regardez comme elle est en l’air sitôt que vous relevez vos jupes.

— Ah ! mets-la-moi, mon enfant, je n’en peux plus !

— Dirigez-la vous-même, madame. C’est bête, mais j’ai pas encore bien l’habitude d’être gigolo et je peux pas seulement trouver le trou. »