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V

PUPILLE DE L’ASSISTANCE PUBLIQUE

« Moi, je n’ai plus besoin de personne, depuis que j’ai ma petite Fifi.

— Qu’est-ce que c’est que ta petite Fifi ?

— Une pupille de l’Assistance publique que j’ai recueillie, adoptée… En faisant un jour une visite de charité, j’ai causé avec la directrice. Elle m’a parlé d’une enfant de douze ans qui était corrompue jusqu’aux moelles, un ferment de vice dans les dortoirs… Je l’ai adoptée pour la sauver…

— Et tu te fais gousser par elle ?

— Tu parles, ma chère ! Les deux trous.

— Quelle abomination ! Il te faut des enfants de douze ans, maintenant ! c’est honteux !

— Douze ans, c’est le bon âge, tu ne sais pas. Si tu voyais comme elle me lèche le cul de bon cœur ! Aussitôt que je suis sur mon lit sa petite bouche est dans mes poils, et lap ! lap ! lap !… ha ! ha ! ha !…

— Elle ne doit pas savoir.

— Il y a mieux comme coup de langue, mais je ne peux pas te dire, elle m’excite plus qu’une femme. Je mouille pour elle.

— Et tu le lui rends ? tu lui fais minette ?

— Pas la peine. Elle se branle tout le temps. »