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III

LA PARFAITE FEMME DE CHAMBRE

« Madame, c’est moi la femme de chambre qu’on vous a parlé.

— Ah !… Vous avez des certificats ?

— J’en ai de mes premières places ; mais Madame voudra bien comprendre que pour apprendre mon petit talent j’ai été depuis dans une maison où qu’on ne vous donne pas de papiers.

— La porte est fermée ?

— N’ayez crainte… Et puis je parle tout bas… On m’a dit les goûts de Madame. Je suis au courant du service. Et, jolie comme Madame l’est, Madame peut compter que ça sera tout plaisir pour moi.

— Vous n’avez pas d’amant ?

— Oh ! Madame !

— Pas d’amie ?

— Ça, c’est autre chose.

— Eh bien, il faudra la quitter. Vous savez cela ?

— Oui, Madame. Et habiter dans l’appartement, on me l’a dit. Et être gentille tous les soirs jusqu’à trois heures du matin… Monsieur vient de sortir. Si Madame veut en profiter pour avoir un échantillon de mon savoir-faire, je vais ôter mon chapeau. »