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IV

« Françoise, où est ma fille ?

— Dans sa chambre, Madame.

— Comment, elle est déjà montée pour faire ses devoirs !

— Oh ! non, Madame ! Mademoiselle est montée se branler parce qu’elle a vu par la fenêtre un jeune homme qui lui a tapé dans l’œil.

— Ah ! la chère petite ! tout le portrait de sa mère !

— Madame veut que je ferme les rideaux ?

— Vous me devinez toujours, Françoise, vous êtes une fille dévouée… Faites l’obscurité, je ne demande pas mieux.

— Si Madame me permet de l’avouer… je venais justement de me préparer une belle carotte pour moi… mais je ne m’en suis pas servie et si Madame la veut…

— Non, je n’aime pas les carottes, c’est trop froid. Prenez vos doigts… Ah !… oui, comme cela jusqu’au fond, jusqu’au fond ! »