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VII

LA JEUNE CUISINIÈRE

« Léonie, quel plat avez-vous pu faire avec le rouleau de la cuisine ? il est tout poissé !

— Oh ! Madame qui lèche ça ! ben vrai !

— Mais qu’est-ce que c’est ? Je ne reconnais pas le goût.

— Ce que c’est ? c’est du jus de con. Je m’ai fait jouir avec. Pis c’est pas la première fois.

— Misérable ! que me dites-vous ?

— Ben, je me branle, quoi ! je fais comme Madame. Quand on n’a pas d’hommes, comment qu’il faut faire ? Madame n’a qu’à m’apprendre, si elle connaît un truc.

— Vous êtes une fille infâme !

— Non mais alors… Madame croit-elle que je vas rester comme ça depuis sept heures du matin jusqu’à dix heures du soir sans m’enfiler quéque chose entre les gigots ? C’est que Madame m’a jamais passé la langue au cul, sans ça, elle saurait que je l’ai chaud.

— Taisez-vous ! je vous chasse.

— C’est malheureux tout de même d’entendre des conneries pareilles ! On peut pas recevoir un ami à la cuisine ! Chaque soir il faut attendre jusqu’à plus de dix heures pour avoir une queue dans le trou et on pourrait même pas s’enfiler le rouleau ? Ben vrai j’aimerais mieux servir dans un couvent que chez une tourte comme Madame. »