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V

LA GRANDE SŒUR QUI EST AU BORDEL

« C’est bien ta sœur Charlotte qu’est au bordel près de l’Opéra ?

— Oui. Elle est venue chez nous hier.

— Ah ! dis ! raconte-moi ! Ce qu’elle doit en avoir, des amis, celle-là ! Oh ! la veinarde !

— Tu penses ! Soixante par semaine, qu’elle en a !

— Et quoi qu’ils font avec elle ?

— Elle leur met la langue dans le cul. Pis elle les suce.

— Tous, qu’elle les suce ?

— Oui. Sauf ceux qui aiment mieux l’enculer.

— Oh ! Elle se laisse enfiler par le petit trou ?

— Faut bien. Toutes les nuits une ou deux fois. C’est ça qui rapporte le plus. Les enculeurs, ils la demandent tous, à cause qu’elle se laisse bien faire.

— Et combien de fois par jour qu’on la baise ?

— Oh ! là ! là ! ce que t’es pucelle ! Mais on la baise jamais ! Quand on va au bordel c’est pas pour baiser !

— Ah !… Alors comment qu’elle décharge ?

— Ben, elle a une bonne amie, une belle brune qu’on appelle Sarah, qu’a pas encore eu la vérole. Quand la journée est finie, ma sœur et Sarah se bouffent le chat. C’est meilleur que de faire l’amour. »