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XII

MODERNISME

« Ninie, si tu n’es pas plus sage que ça, prends garde : tu pourras jamais te marier.

— Je m’en fous un peu. Je veux pas me marier d’abord, je veux être putain.

— Ah ! bien ! il ne nous manquait plus que ça !

— Pourquoi donc que j’aurais toujours la même pine dans la bouche ? Moi, quand j’ai sucé un gamin deux fois, j’aime bien changer de foutre.

— Oh ! Ninie ! ma petite fille !

— Tu verras ; quand j’aurai des nichons, j’irai travailler dans un beau bordel, où qu’on me frisera les cheveux et les poils du cul, comme à Bertine. J’aurai un beau peignoir de soie rouge que je trousserai pour montrer mon chat, et je me ferai baiser, gousser, enculer, je branlerai les michés entre mes tétons, je leur sucerai la peau des couilles et je leur z’y fouterai la langue dans le cul.

— Si tu fais jamais des saloperies pareilles, t’avise pas de revenir m’embrasser sur la bouche.

— Sur la bouche ? J’embrasse pas les femmes sur la bouche, moi je les embrasse plus bas, dans les babines du con. »