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X

LA MÈRE ET LA MAQUERELLE

« Eh bien ! Madame Balanchon, vous me trouvez donc plus de vieux pour ma petite Nestine ? une enfant si complaisante, qui se fait enculer comme vous et moi ?

— Une gosseline qui se fait enculer ? Ah ! Madame Minet, c’était bon de notre temps que ça soit rare. Moi, quand je donnais mon cul, y avait que moi du quartier. À présent elles le font toutes. Je peux dire ! Depuis la rentrée des Chambres j’ai vendu plus de soixante fillettes. Y en avait des pucelles devant ; pas une de pucelle derrière. V’là comme c’est par le temps qui court, madame Minet.

— Oui, mais il y a cul et cul, ma bonne dame. Le cul de la mienne est rose, qu’on dirait une tête d’ange. Et faut voir comme elle le donne ! Une fois elle m’a ramené un client… Ah ! c’est pas souvent que ça lui arrive. J’aime pas, rapport aux responsabilités… Mais enfin ce jour-là, elle se l’a fait faire sur mon lit. Et si vous aviez vu, madame, quelle douceur ! quelle complaisance ! Elle s’avait foutu la tête dans l’oreiller, et elle s’ouvrait elle-même les fesses pour que ça rentre plus avant. Pauvre petit chérubin !

— Pour dix francs je vous ai un client. Mais pas plus !

— C’est bon. Je vous la loue pour dix francs.

— Alors graissez-lui le trou. Je vous ramène l’amateur. »