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V

LE BOUTON DE FINETTE

« Arrive ici, Finette, montre à Mme Clémence comme t’as un gros bouton. Allons, ne fais pas la bête, ouvre tes guibolles… Regardez-moi ça, ma chère, est-ce que ce n’est pas épatant ?

— Eh ben, mince, vous savez, ça me la coupe. La petite coquine, elle en a plus que moi !

— Et elle va sur ses douze ans. Pas un poil, vous pouvez voir. C’est chic, pour une môme, d’être montée comme ça, tout de même !

— Mais comment est-ce qu’elle a fait son compte ?

— Tu veux que j’y raconte, dis, Fifi ? ça fait rien, va, elle s’en doute. Eh bien, ma bonne, vous savez ce que c’est, y a des enfants plus chaudes les unes que les autres. Celle-là, on dirait qu’elle a le feu entre les jambes. Soir et matin, elle fait que se branler. C’est rigolo de la voir, des fois. Elle s’en fiche pas mal que je sois là. Ce qui l’épate seulement c’est que j’en fasse pas autant. Je vous dis : y a pas plus salope qu’elle.

— Je voudrais vous demander…

— Qu’elle se le fasse maintenant, pas vrai ? C’est facile. Vas-y, Finette. Regardez-la, elle s’en paye ! »

1899