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II

LA COIFFEUSE DE CONS

« Mais quels poils ! quels poils ! Ce n’est pas possible, tu te les fais friser !

— Bien sûr !

— Vrai ? Eh bien ! en le disant je n’y croyais pas. Qui est-ce qui te fait ça ?

— Fernande. Tu connais pas Fernande ? Il faut connaître Fernande, ma fille. C’est une petite blonde d’une trentaine d’années, la meilleure coiffeuse de cons qu’il y ait dans Paris.

— Coiffeuse de cons ! En voilà un métier !

— Elle arrive le matin à onze heures quand je me réveille. Je n’ai pas besoin de me lever ; elle me lave tout dans un bassin, devant et derrière ; et puis elle me savonne les poils avec du shampooing, elle les sèche, leur met de la brillantine, les coiffe, les frise au petit fer… C’est comme ça que je les ai si beaux.

— Et sous les bras la même chose ?

— Tu vois.

— Jésus ! Elle ne te frise pas aussi les lèvres du con ?

— Presque. Elle me masse le petit bouton pour le faire grandir et me rendre plus sensuelle. Je ne sais pas si ça réussit mais chaque fois je décharge comme une folle au milieu de l’opération. »