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Entre les sveltes colonnes, coiffées en volutes ioniennes, la déesse apparaissait toute vivante sur un piédestal de pierre rosé, chargé de trésors appendus. Elle était nue et sexuée, vaguement teintée selon les couleurs de la femme ; elle tenait d’une main son miroir dont le manche était un priape, et de l’autre adornait sa beauté d’un collier de perles à sept rangs. Une perle plus grosse que les autres, argentine et allongée, luisait entre ses deux mamelles, comme un croissant de lune entre deux nuages ronds.


Démétrios la contemplait avec tendresse, et voulait croire, comme le peuple, que c’étaient là les vraies perles saintes, nées des gouttes d’eau qui avaient roulé dans la conque de l’Anadyomène.


« O Sœur divine, disait-il, ô fleurie, ô transfigurée ! tu n’es plus la petite Asiatique dont je fis ton modèle indigne. Tu es son Idée immortelle, l’Ame terrestre de l’Astartè qui fut génitrice de sa race. Tu brillais dans ses yeux ardents, tu brûlais dans ses lèvres sombres, tu défaillais dans ses mains molles, tu haletais