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la tête immobile une apparence de marbre froid. Des narines diaphanes s’ouvraient au-dessus des lèvres fines. La fragilité des oreilles avait quelque chose d’immatériel. Jamais, dans aucune lumière, pas même celle de son rêve, Démétrios n’avait vu cette beauté plus qu’humaine et ce rayonnement de la peau qui s’éteint.

Et alors il se rappelle les paroles dites par Chrysis pendant leur première entrevue : « Tu ne connais que mon visage. Tu ne sais pas comme je suis belle ! » Une émotion intense l’étouffe subitement. Il veut connaître enfin. Il le peut.

De ses trois jours de passion, il veut garder un souvenir qui durera plus que lui-même, — mettre à nu l'admirable corps, le poser comme un modèle dans l’attitude violente où il l’a vu en songe, et créer d’après le cadavre la statue de la Vie Immortelle.

Il détache l’agrafe et le nœud. Il ouvre l’étoffe. Le corps pèse. Il le soulève. La tête se renverse en arrière. Les seins tremblent. Les bras s’affaissent. Il tire la robe tout entière et