Page:Louÿs - Aphrodite. Mœurs antiques, 1896.djvu/306

Cette page a été validée par deux contributeurs.

torture ? Depuis Hérostrate on n’a rien vu de tel. Les Olympiens nous abandonnent. Que va-t-il advenir de nous ? »

Chrysis ne répondit pas.

« Nous avions donné des colombes, dit la petite joueuse de flûte. La déesse s’en souviendra-t-elle ? La déesse doit être irritée. Et toi, et toi, ma pauvre Chrysé ! toi qui devais être aujourd’hui ou très heureuse ou très puissante…

— Tout est fait, dit la courtisane.

— Comment dis-tu ? »

Chrysis fit deux pas en arrière et leva la main droite près de la bouche.

« Regarde bien, ma Rhodis ; regarde, Myrtocleia. Ce que vous verrez aujourd’hui, les yeux humains ne l’ont jamais vu, depuis le jour où la déesse est descendue sur l’Ida. Et jusqu’à la fin du monde on ne le reverra plus sur la terre. »

Les deux amies, stupéfaites, se reculèrent, la croyant folle. Mais Chrysis, perdue dans son rêve, marcha jusqu’au monstrueux Phare, montagne de marbre flamboyant à huit étages hexagonaux. Elle poussa la porte de bronze, et profitant de l’inattention publique, elle la