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amants, notre union risque fort de ne pas se réaliser si je persiste dans ma manière de voir. C’est ce que j’essaye de te faire entendre avec toute la clarté de parole dont je suis susceptible. Je vois qu’elle est insuffisante ; mais comme il ne m’appartient pas de la rendre plus parfaite, je te prie de vouloir bien accepter de bonne grâce le fait accompli, sans pénétrer ce qu’il a pour toi d’obscur, puisque tu n’admets pas qu’il soit vraisemblable. Je désirerais vivement clore cet entretien, qui ne peut avoir aucun résultat et qui m’entraînerait peut-être à des phrases désobligeantes.

— On t’a parlé de moi !

— Non.

— Oh ! je le devine ! On t’a parlé de moi, ne dis pas non ! On t’a dit du mal de moi ! J’ai des ennemies terribles, Démétrios ! Il ne faut pas les écouter. Je te jure par les dieux, elles mentent !

— Je ne les connais pas.

— Crois-moi ! crois-moi, Bien-Aimé ! Quel intérêt aurais-je à te tromper, puisque je n’attends rien de toi que toi-même ? Tu es le premier à qui je parle ainsi… »