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« Les courtisanes ! les courtisanes sacrées ! »

Personne ne bougea. On n’osait pas aller à leur rencontre, de peur d’apprendre un nouveau désastre. Elles arrivaient comme une inondation vivante, précédées du bruit sourd de leur course sur le sol. Elles levaient les bras, elles se bousculaient, elles semblaient fuir une armée. On les reconnaissait, à présent. On distinguait leurs robes, leurs ceintures, leurs cheveux. Des rayons de lumière frappaient les bijoux d’or. Elles étaient toutes proches. Elles ouvraient la bouche… le silence se fit.


« On a volé le collier de la Déesse, les Vraies Perles de l’Anadyomène ! »


Une clameur désespérée accueillit la fatale parole. La foule se retira d’abord comme une vague, puis s’engouffra en avant, battant les murs, emplissant la voie, refoulant les femmes effrayées, dans la longue avenue du Drôme, vers la sainte Immortelle perdue.