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jour-là, dont l’aube se levait, verrait l’amant de la déesse aux pieds de sa nouvelle idole.

« Prends-moi ! prends-moi ! » s’écria-t-elle. Elle l’adorait maintenant. Elle l’appelait, elle le souhaitait. Les trois crimes, dans son esprit, se métamorphosaient en actions héroïques, pour lesquelles jamais, en retour, elle n’aurait assez de tendresses, assez de passion à donner. De quelle incomparable flamme brûlerait donc cet amour unique de deux êtres également jeunes, également beaux, également aimés l’un par l’autre et réunis pour toujours après tant d’obstacles franchis !


Tous les deux ils s’en iraient, ils quitteraient la ville de la Reine, ils feraient voile pour des pays mystérieux, pour Amathonte, pour Épidaure ou même pour cette Rome inconnue qui était la seconde ville du monde après l’immense Alexandrie, et qui entreprenait de conquérir la Terre. Que ne feraient-ils pas, où qu’ils fussent ! Quelle joie leur serait étrangère, quelle félicité humaine n’envierait pas la leur et ne pâlirait point devant leur passage enchanté !

Chrysis se releva dans un éblouissement