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plus mûres, sachant combien les traits du visage féminin vieillissent plus vite que la peau du corps, se tenaient assises toutes nues, portant leurs mamelles dans les mains, et elles écartaient leurs cuisses alourdies, comme s’il leur fallait prouver qu’elles étaient encore des femmes.

Démétrios passait devant elles très lentement, et ne se lassait pas d’admirer.

Il ne lui était jamais arrivé de voir la nudité d’une femme sans une émotion intense. Il ne comprenait ni le dégoût devant les jeunesses trépassées, ni l’insensibilité devant les trop petites filles. Toute femme, ce soir-là, aurait pu le charmer. Pourvu qu’elle restât silencieuse et ne témoignât pas plus d’ardeurs que le minimum exigé par la politesse du lit, il la dispensait d’être belle. Bien plus, il préférait qu’elle eût un corps grossier, car plus sa pensée s’arrêtait sur des formes accomplies, plus son désir s’éloignait d’elles. Le trouble que lui donnait l’impression de la beauté vivante était d’une sensualité exclusivement cérébrale qui réduisait à néant l’excitation génésique. Il se souvenait avec angoisse d’être resté toute une heure impuissant