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compris par une noble intelligence, c’est une douceur. Je veux le bien, j’aime le beau, je cherche le vrai ; voilà toute mon âme et toute ma vie.

« Revenez me voir, vous me ferez bien plaisir. J’espère que vous étiez à Lucrèce Borgia. Votre esquisse de Guernesey et de ma nature est pleine de grâce, d’esprit et de cœur. Merci et bravo.

« Victor Hugo. »

Quel homme ! Quel homme ! Je veux le bien, j’aime le beau, je cherche le vrai. C’est là toute mon âme et toute ma vie.


Même jour.

J’ai eu un rêve cette nuit, et me voilà tout triste. Car ce rêve était bien joli.

Je n’aime pas les beaux rêves. L’illusion ne dure qu’un instant, mais le regret dure si longtemps !

Je m’étais demandé hier quel était mon idéal pour la beauté féminine. Est-ce un Raphaël ? Non. Est-ce un Ingres ? Non. Est-ce un Bouguereau, un Landelle, un Coomans ? Horreur !…

C’est un Willette.

Et voici que j’en ai rêvé.

J’étais couché, je ne sais pourquoi ; et dans ma chambre se promenait, en me parlant, une adorable fille aux cheveux jolis sur le front, à la frimousse pâlotte, à la lèvre toujours souriante.