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Scarpia est retombé. Cependant il a pu se relever et fait mine de marcher vers la porte. Sarah s’accule sur un des battants, en levant le grand couteau, pour le frapper une seconde fois, s’il avance.

Sarah s’est élevée, dans cette scène, au delà du génie humain. C’était plus qu’une femme, elle était sublime et belle comme les déesses de l’antiquité.

Mais ce n’est pas tout, et après cette boucherie féroce Sarah va faire preuve de la grâce la plus extraordinaire. La Tosca est superstitieuse. Elle s’en va lentement vers la table où brillent deux flambeaux. Elle les prend dans ses mains et, merveilleuse, traverse ainsi la scène, au milieu des applaudissements de la salle en délire.

Et cette femme, ce miracle de souplesse et de grâce, est une vieille femme de quarante-quatre ans !

Elle se baisse, dépose les flambeaux de chaque côté du cadavre et lui pose un crucifix sur la poitrine. Puis elle sort, sans dire un mot, et le rideau tombe.

L’effet de cette dernière scène est inouï. Il faut dire aussi qu’elle est jouée par Sarah.

Le dernier tableau du cinquième acte se passe dans la cellule des condamnés. Scène charmante entre les deux amants. On emmène Mario, soi-disant pour faire semblant seulement de le tuer.