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plus tard sans doute un grand écrivain[1], pourquoi ne consacrerais-je pas ma vie, pourquoi n’attacherais-je pas mon nom à une œuvre durable sur l’homme le plus extraordinaire qui ait jamais existé ?

« Cet ouvrage serait le premier en date ; peut-être serait-il longtemps le premier par le mérite[2]. J’y consacrerais ma vie entière, et ce ne serait pas trop. Vingt ans ont suffi à Montesquieu pour étudier la société. Pascal n’en demandait que trente pour étudier la religion. Mais Darwin a consacré sa vie à l’étude de la nature. Et Victor Hugo est grand comme le monde.

« Je ferais d’abord l’histoire de Victor Hugo. Puis, je l’étudierais sous toutes ses faces : comme poète épique, lyrique, satirique, comme dramaturge, comme historien, comme philosophe, comme orateur, comme romancier, comme critique… Quelle énumération prodigieuse ! Je dirais comment, dans la Légende des Siècles, il a dépassé Homère, comment il s’est montré plus grand que Musset dans les Contemplations, plus grand qu’Eschyle dans les Burgraves, plus grand que Racine dans Hernani, plus grand que Juvénal dans les Châtiments, plus grand que qui que ce soit dans les Misérables.

  1. Je ne doutais de rien ! (1918).
  2. Tout simplement !