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d’avoir le dernier mot avec une cigarrera ? Mais je les regardais curieusement et leur nudité se conciliant mal avec le sentiment d’un travail pénible, je croyais voir toutes ces mains actives se fabriquer à la hâte d’innombrables petits amants en feuilles de tabac. Elles faisaient, d’ailleurs, ce qu’il faut pour m’en suggérer l’idée.


Le contraste est singulier, de la pauvreté de leur linge et du soin extrême qu’elles apportent à leurs têtes chargées de cheveux. Elles sont coiffées au petit fer comme à l’heure d’entrer au bal et poudrées jusqu’au bout des seins, même par dessus leurs saintes médailles. Pas une qui n’ait dans son chignon quarante épingles et une fleur rouge. Pas une qui n’ait au fond de son mouchoir la petite glace et la houppette blanche. On les prendrait pour des actrices en costume de mendiantes.


Je les considérais une à une et il me parut que même les plus tranquilles montraient quelque vanité à se laisser examiner. J’en vis de jeunes qui se mettaient à l’aise, comme par hasard, au moment où j’approchais d’elles. À celles qui avaient des enfants je donnais quelques perras ; à d’autres des bouquets d’œillets dont j’avais empli mes poches, et qu’elles suspendaient immédiatement sur leur poitrine à la chaînette de leur croix. Il y avait, n’en doutez pas, de bien pauvres anatomies