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et s’arrêta, le bras allongé sur le loquet, puis rentra et, près de son lit, debout et mouillée, dit à l’esclave :


« Essuie-moi, »


La Malabaraise prit une large éponge à la main, et la passa dans les doux cheveux d’or de Chrysis, tout chargés d’eau et qui ruisselaient en arrière ; elle les sécha, les éparpilla, les agita moelleusement, et plongeant l’éponge dans une jarre d’huile, elle en caressa jusqu’au cou sa maîtresse avant de la frotter avec une étoffe rugueuse qui fit rougir la peau assouplie.

Chrysis s’enfonça en frissonnant dans la fraîcheur d’un siège de marbre et murmura :


« Coiffe-moi. »


Dans le rayon horizontal du soir, la chevelure encore humide et lourde brillait comme une averse illuminée de soleil. L’esclave la prit à poignée et la tordit. Elle la fit tourner sur elle-même, telle qu’un gros serpent de métal que trouaient comme des flèches les droites épingles d’or, et elle enroula tout autour une bandelette verte trois fois croisée afin d’en exalter les reflets par la soie. Chrysis tenait, loin d’elle, un miroir de cuivre poli. Elle regardait distraitement les